La négligence envers les enfants se définit globalement par une absence de réponse aux besoins fondamentaux – psychologiques, physiques, éducatifs – d’un enfant entraînant des conséquences négatives sur son développement (Lacharité, 2019). La négligence est le résultat d’une double perturbation : celle de la relation entre le parent et l’enfant, et celle de la relation entre la famille et la communauté [Lacharité, 2014, 2019; Lacharité, Éthier et Nolin, 2006).

Elle est le principal motif de signalement des enfants de moins de 6 ans au Québec comme dans la plupart des pays occidentaux (Blanchard, Bouchard, Hélie, Mayer et Éthier, 2003; Observatoire des tout-petits, 2017). En 2020-2021, 62,2% des enfants de 0-5 ans pris en charge par les directeurs de la protection de la jeunesse du Québec l’ont été pour motif de négligence ou risque sérieux de négligence (Gouvernement du Québec, 2021).

Ces données sont très préoccupantes, car les expériences vécues au cours de la petite enfance façonnent les apprentissages et le développement global de l’enfant, ses parcours scolaire et professionnel et sa santé tout au long de la vie (Centre pour la recherche et l'innovation dans l'enseignement, 2007; Council for early child development, 2010). Il importe de souligner que le langage est le domaine du développement le plus fortement compromis chez les enfants vivant en contexte de négligence (MacDonald, Milne, Knight et Webster, 2013; Scarborough, Lloyd et Barth, 2009).